G7 au Canada : entre tensions géopolitiques et fracture commerciale
Si le conflit entre Israël et l’Iran s’est imposé comme le sujet dominant de ce G7, avec une succession de frappes et de ripostes depuis le 13 juin, les discussions cherchent à éviter la polarisation entre les membres du G7. Tandis que les États-Unis plaident en faveur d’un soutien explicite à Israël, plusieurs voix européennes, emmenées par Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron, appellent à la désescalade et à une solution diplomatique. Aucune sanction n’est évoquée contre Tel-Aviv, malgré les appels à un cessez-le-feu durable à Gaza.
Dans ce contexte de crispation régionale, la stabilité des routes commerciales au Moyen-Orient et la sécurité énergétique des pays européens pourraient être menacées, renforçant la nécessité de sécuriser les chaînes d’approvisionnement stratégiques.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, invité au sommet, s’efforce, quant à lui, de maintenir la pression sur les membres du G7 pour un soutien militaire renforcé face à une Russie toujours offensive. Mais l’équilibre est fragile. Tandis que Donald Trump poursuit son rapprochement avec Moscou, les Européens tentent d’arracher de nouvelles sanctions, notamment sur les exportations pétrolières russes.
L’avenir du commerce énergétique, et notamment des importations de pétrole et de gaz, pourrait ainsi être profondément reconfiguré selon l’issue de ces tractations diplomatiques.
Au-delà des conflits militaires, c’est sur le terrain économique que les tensions entre membres du G7 sont les plus palpables.
Donald Trump, fidèle à sa ligne “America First”, a récemment imposé une taxe douanière minimale de 10 % sur la quasi-totalité des produits importés aux États-Unis. Cette mesure unilatérale, à la portée mondiale, remet en question les fondements mêmes du libre-échange entre puissances industrialisées.
Plusieurs dirigeants européens ont exprimé leurs inquiétudes lors de rencontres bilatérales. Ursula von der Leyen a appelé à préserver des échanges « équitables, prévisibles et ouverts » et à « éviter le protectionnisme », tandis que Mark Carney, Premier ministre canadien, tente d’arracher un consensus sur une position commune. En réalité, aucune déclaration finale n’est attendue à l’issue du sommet, signe d’une fracture de plus en plus assumée sur les enjeux commerciaux.
Face à ce climat de repli économique, la crédibilité des institutions internationales comme l’OMC est en jeu. L’érosion du multilatéralisme, visible depuis plusieurs années, s’accélère sous l’effet des décisions unilatérales américaines et de la fragmentation géopolitique.
Le G7 aurait pu être l’occasion d’un repositionnement collectif autour de règles commerciales communes et d’une relance coordonnée des discussions commerciales internationales. Mais les lignes de fracture semblent désormais trop profondes, et le climat mondial trop incertain, pour espérer un retour rapide à un commerce globalisé, régulé et prévisible.
Entre résurgence du protectionnisme, conflits armés aux lourdes conséquences économiques, et désaccords internes sur la gouvernance globale, ce sommet du G7 reflète un monde en recomposition. Pour les professionnels de l’import export, l’heure est à la vigilance stratégique : anticipation des barrières tarifaires, réévaluation des routes commerciales, et renforcement des outils de veille réglementaire deviennent des priorités absolues.
Plus que jamais, la douane s’affirme comme un baromètre des tensions géopolitiques – et un levier de souveraineté économique à réinventer.